Merveilleux Hibiscus © version 2005
Hybridation et notions de sélection
Pour améliorer et étendre la gamme de cultivars disponibles, il est nécessaire de pratiquer des croisements, ou hybridations. L'intérêt de l'hybridation n'a de sens que si elle est destinée à améliorer tout ou partie des caractéristiques de l'hibiscus rosa-sinensis. Pour nous, Européens, les besoins en floraison et en précocité seront les critères essentiels à prendre en compte, sans oublier toutefois que les plantes sont destinées essentiellement à être cultivées en pots. De ce fait elles doivent répondre à une bonne adaptabilité, à une multiplication facile par bouturage, posséder une végétation rapide et avoir un pouvoir de ramification intéressant. Ces critères réunis déterminent l'objectif essentiel que tout hybrideur devrait prendre en considération.
Il faut, dans un premier temps, sélectionner des plantes qui répondent visuellement aux critères énoncés. De plus, il faudra vérifier que la plante porteuse, future mère, soit facilement fécondable. L'hybridation est facile à réaliser sur l'hibiscus : il suffit de couper un pistil avec ses étamines sur une plante que l'on définira comme "Père" et de transporter le pollen sur les stigmates d'un autre pistil que l'on définira comme "Mère". Un bon badigeonnage de pollen sur la fleur porteuse permettra d'obtenir une fécondation croisée porteuse d'une inconnue totale. Si la pollinisation est réussie, les pétales de la fleur tombent après quelques jours, la formation du fruit reste et se développe lentement. En moyenne durant deux mois, pour arriver à maturité. Hélas, très souvent le futur fruit tombe avant de se développer correctement. Trop de futures mères sont à classer comme peu fertiles. D'autres fois il s'agit du "père" dont le pollen n'assure pas toute la viabilité nécessaire pour la réussite d'une fécondation. C'est un travail d'approche et de sélection qui prend beaucoup de temps pour tenter de déterminer les géniteurs que l'on pourra utiliser pour des hybridations fructueuses.
L'hybridation s'effectue en milieu de journée, lorsque les sacs polliniques libèrent les grains de pollen. Après environ deux mois, le fruit se colore de marron, les cloisons s'ouvrent et permettent de libérer les graines. Il faut procéder à la cueillette avant une ouverture trop importante pour ne pas perdre les graines. Dans de nombreux cas 1 à 10 graines seront récoltées, plus rarement de 20 à 30 graines ou plus. Les graines doivent être conservées au sec et au frais, ou éventuellement placées au réfrigérateur. Le semis doit intervenir dans les six mois de la récolte : plus on tarde, plus les chances de germination diminuent.
Les plantules issues du semis devront être élevées pendant plus d'un an, parfois deux, avant d'avoir la capacité d'émettre une première fleur. Celle-ci, nouvellement née, est entourée de mystère : il faudra encore quelques mois d'observation pour en définir les capacités et critères de qualité. La longue période de sélection qui suivra devra déterminer toutes les capacités de la nouvelle création, sa floribondité, ses performances végétatives et capacités de floraison seront déterminantes pour lui assurer un devenir. Souvent de nombreux hybrides originaux par leur coloris sont conservés comme géniteurs potentiels pour de futures hybridations. Si l'on a pris soins d'identifier les géniteurs, mère en premier, père en second, ex : "Mama" X "Papa", une telle information permettra de tracer quelques jalons sur les capacités réelles des géniteurs.
C'est un travail fastidieux car, pour chaque hybride réalisé les géniteurs peuvent changer et les résultats obtenus restent irrémédiablement et totalement hétérogènes. Seuls des hybrides de grande qualité peuvent prétendre à un futur valable. Une sélection rigoureuse ne retiendra qu'un cultivar à développer sur environ mille semis réalisés. Patience et ténacité sont les règles d'or des hybrideurs sérieux.
Dans les pages "Réflexions d'expert" vous trouverez des informations complémentaires.